Description du projet

Chapitre XII

Bilan d’une conquête

Chapitre XII

Bilan d’une conquête

Au terme de ces sept années de guerre en Belgique, de -57 à -51, quel rapide bilan peut-on tirer ? Exception faite de l’année -52, où les théâtres d’opération se déplaceront principalement vers Gergovie et Alésia, nul ne contestera que la Belgique ait fait l’objet d’un « traitement particulier » de la part de César durant les six autres années. Après les défaites de -57, des interventions régulières émaillent l’occupation : en -56 et -55 pour les Morins et les Ménapiens, en -54 pour les Trévires, en -54 et -53 pour les Nerviens. Pour les Eburons, ces deux dernières années et l’année -51, ainsi qu’en -51 encore pour les Bellovaques, les Atrébates, les Ambiens, les Calètes et les Véliocasses. Aux batailles ouvertes et aux sièges de -57, succèdent ainsi toute une série d’opérations plus légères réglées sur des modes préventifs ou réactifs. En sens inverse, les Belges auront ébranlé l’ennemi romain à trois reprises : lors de l’assaut surprise du Sabis en -57 et à l’occasion des deux sièges de camps romains engagés en -54, en Nervie, et surtout chez les Eburons à Atuatuca ; la plupart des autres épisodes relatés dans le Bellum Gallicum relèveront le plus souvent d’incidents mineurs. On aura aussi remarqué que le degré d’hostilité à Rome aura été beaucoup plus marqué chez les peuples les plus septentrionaux : Nerviens, Atuatuques, Eburons, Ménapiens ou Morins. Une ardeur, entretenue comme dit César, peut être par de fréquentes rivalités avec les populations d’outre-Rhin mais également par une culture guerrière sans doute plus vivace, aidée en cela par un positionnement géographique particulier. Ceux-ci se situent en effet dans une sorte de « quadrilatère insurrectionnel » naturellement propice à la résistance, bordé par la mer, un large fleuve et occupé par de vastes étendues boisées et marécageuses. Parmi les 200 000 victimes estimées, ce sont précisément ces peuples qui payeront le plus lourd tribut humain. La «romanisation des esprits» patiemment tissée par César auprès des élites gauloises tout au long du conflit, aura manifestement eu moins de succès ici qu’ailleurs, même si à terme, la civilisation dite gallo-romaine finira par s’y épanouir.