Description du projet

Chapitre II

Prétextes au conflit

(-58)

Chapitre II

Prétextes au conflit

Au début de l’année -59, le Sénat romain attribue à César, au titre de l’année suivante et pour une durée de cinq ans, la charge de gouverneur de la Gaule transalpine. Un événement va alors survenir fort opportunément : le vaste projet de migration des Helvètes, peuple dont le territoire correspond à l’actuelle Suisse. Désireux d’obtenir des terres plus étendues et plus riches, ceux-ci décident en effet de quitter villes et villages pour gagner les bords de l’Atlantique, en Saintonge. Selon César, ce projet est censé représenter une vraie menace pour Rome en laissant la porte ouverte à un afflux de Germains dans les régions limitrophes de l’Italie. En outre, celui-ci estime que leur installation dans le sud-ouest de la Gaule représente un facteur de déstabilisation pour les peuples déjà sous contrôle romain dans la région de Toulouse, pourtant située à plus de 200 kilomètres de là… En réalité, au moins trois motivations l’animent : la première, classique pour un général romain, est de clairement montrer à Rome et au Sénat qu’il entend prendre en compte les intérêts de l’Italie. La seconde, à l’adresse cette fois des Gaulois, entend leur faire comprendre que toute action d’envergure en Gaule impliquera désormais une réponse de sa part. La dernière, et non la moindre, consiste probablement à amorcer un processus de conflit qui lui permettra d’élargir rapidement son champ d’action à la Gaule toute entière. Pour parvenir à ses fins, le proconsul disposera d’atouts majeurs : sa maîtrise de l’art de la guerre, son sens de la diplomatie, la puissance des légions et les leviers financiers énormes issus des butins de guerre. Autant d’éléments dont la conjonction lui ouvrira une voie sans partage vers les plus hautes marches du pouvoir. Arrêter le mouvement d’exode des Helvètes et poursuivre son action en Gaule lui offre précisément l’occasion de franchir une nouvelle étape dans cette longue marche. Mais au delà des aspirations politiques habituellement soulignées par les historiens, le dessein secret de César réside sans doute dans une ambition plus profonde encore : tout simplement celle de figurer parmi les plus grands noms de l’Histoire.